Digressions

Annabel est étudiante à Oxford. Un froid dimanche d’hiver, elle doit rédiger pour le lendemain une dissertation sur les Sonnets de Shakespeare. Elle suit un programme rigide : elle se réveille à 6 heures, admire l’obscurité qui précède l’aube, prépare son thé à la menthe, fait son yoga, médite, va se promener. 
Annabel est ascétique, solitaire : elle se prend trop au sérieux, mais nous brosse un tableau assez exact de la vie universitaire, avec ses joies et son ennui. Elle est seule, annote ses impressions, réfléchit à la signification de ses lectures.
Pourtant, elle n’arrive pas à écrire ; sans arrêt, elle se laisse distraire par les petits détails du quotidien : le vrombissement de sa bouilloire, la pression de sa vessie, les mollets d’un coureur qui passe. Le roman serpente à travers sa journée, ses sensations corporelles et ses divagations mentales.
On s’égare aussi dans ses fantasmes littéraires et sexuels, qui vont du triangle amoureux aux périphéries plus originales du désir féminin.